Inde
Sikkim : la face cachée du Kangchenjunga
Encore largement méconnu, l’ancien royaume himalayen du Sikkim offre un balcon sans équivalent sur le versant secret du Kanchenjunga, troisième sommet du globe. Des plantations de thé de Darjeeling aux sentiers fréquentés jadis par Alexandra David-Néel, cet Himalaya mythique s’entrouvre délicatement à la curiosité des randonneurs.
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Sikkim


Tout commence à Darjeeling...
Mille fois j’ai imaginé atteindre ce paradis perdu entre nirvana et imaginaire, mes lunettes noircies aux vapeurs de charbon du Darjeeling Himalayan Railway, qu’Alexandra David-Néel qualifiait de « train joujou ». Ou frissonné à l’idée de contempler les pinacles étincelants du Kangchenjunga (8685 m), avec l’insolence des oisifs, tasse de thé anglais aux lèvres, vautré dans le confortable fauteuil club d’une villa coloniale de Darjeeling ou de Kalimpong. Les mythes ont la peau dure. Ils vont et viennent ; s’estompent parfois, reviennent toujours. Et puis il y a ce jour où — ô miracle ! — on les touche du doigt. Ineffable sensation. En ce jour d’octobre 2014, tout est là : le train à vapeur, les plantations de thé, le Kangch et l’Himalaya en cinémascope, à s’en dévisser la tête.

Un ancien royaume himalayen
Politiquement, le Sikkim est rattaché à l’Union indienne depuis 1975. Mais malgré cela, le Sikkim (comme le nord de l’État de l’Ouest Bengale, dont font partie Darjeeling ou Kalimpong), s’exprime au quotidien en langue népalaise. Les ethnies originelles, Lepchas et Bothia, de dialecte tibéto-birman, étant désormais minoritaires vis-à-vis de populations népalaises arrivées depuis le XIXe siècle. Dès lors, une fois passé les points de contrôle de Melli ou de Rangpo, de presque des postes frontières, difficile de se croire en Inde.

Au cœur du parc national
Tsokha, comporte une dizaine de baraquements de bois et une vieille gompa. Le village était encore habité en 2012, par quelques vieillards que l’administration du parc a enfin convaincus de redescendre en vallée, leur offrant une maisonnette et un lopin de terre. Pour l’heure, nous plantons nos tentes sur une vaste terrasse dominant la vallée, à quelque 3000 m d’altitude.


Kangchenjunga, la face cachée
Troisième sommet du monde après l’Everest (8 848 m) et le K2 (8 611 m), le Kangchenjunga (8 586 m), situé à la frontière entre le Népal et le Sikkim est devenu le plus haut sommet d’Inde depuis le rattachement du Sikkim à l’État indien en 1975. Auparavant, ce titre était détenu par la Nanda Devi (7 816 m). Son accès s’effectue généralement depuis le versant népalais, mais le trek du Dzongri permet d’accéder à son versant sud-est, côté Sikkim. L’une des rares occasions d’admirer son versant sud-est, toujours inviolé.