Tout commence à Darjeeling...
Mille fois j’ai imaginé atteindre ce paradis perdu entre nirvana et imaginaire, mes lunettes noircies aux vapeurs de charbon du Darjeeling Himalayan Railway, qu’Alexandra David-Néel qualifiait de « train joujou ». Ou frissonné à l’idée de contempler les pinacles étincelants du Kangchenjunga (8685 m), avec l’insolence des oisifs, tasse de thé anglais aux lèvres, vautré dans le confortable fauteuil club d’une villa coloniale de Darjeeling ou de Kalimpong. Les mythes ont la peau dure. Ils vont et viennent ; s’estompent parfois, reviennent toujours. Et puis il y a ce jour où — ô miracle ! — on les touche du doigt. Ineffable sensation. En ce jour d’octobre 2014, tout est là : le train à vapeur, les plantations de thé, le Kangch et l’Himalaya en cinémascope, à s’en dévisser la tête.